En tuant la saison estivale 2014, les syndicats menés par la CGT, jouent à qui perd perd, plus personne ne croyant en l'avenir de l'inénarrable Société Nationale Corse Méditerranée.
Comme prévu, les syndicats de la SNCM ont débuté leur mouvement de grève ce 24 juin, pour protester contre la reprise en main de leur compagnie par son actionnaire et le débarquement de son ancienne direction.
Ce mouvement, auquel le STC n'a pas pris part, fait le bonheur de l'éternel concurrent de la SNCM, la société Corsica Ferries, qui ne s'est pas cachée d'avoir mis en service des capacités supplémentaires au départ de Toulon, afin de satisfaire les touristes et l'Office des Transports de la Corse.
Pour les observateurs, ce mouvement social constitue à n'en pas douter, le coup de grâce qui devrait mettre un terme à l'existence d'une compagnie réputée pour ses trafics en tous genres, sa qualité de service déplorable et sa flotte archaïque. Une compagnie pour qui l'avenir devrait s'apparenter à celui de Sea France, autre grande exception française dans le monde des ferries...
La Der des Ders, car cette grève devrait bien contribuer à vider la trésorerie de la compagnie et pousser son actionnaire (Veolia et Transdev) à déposer une demande de mise en sauvegarde, qui anéantira ses fournisseurs, conduira inéluctablement la compagnie à se restructurer autour de la seule liaison Marseille-Corse (abandonnant Toulon, Nice et le Maghreb), au moyen d'une flotte antédiluvienne, entraînant une exploitation déficitaire, situation qui ne pourra déboucher que sur la liquidation pure et simple.
Car ne nous leurrons pas : plus personne ne croit en l'avenir de la SNCM, qu'il s'agisse de l'actionnaire ou de l'Etat, et le plan de relance présenté par l'ancien directeur général de la compagnie, aura fini de convaincre tout le monde, à l'exception des salariés de la compagnie, qu'il est sans doute préférable de construire sur du neuf que de s'entêter à rafistoler sur des fondations instables !
Ce, à plusieurs titres :
L'accueil d'un nouvel actionnaire sérieux et solide est ainsi pour le moins hypothétique, la compagnie devant rembourser 440 millions de subventions publiques indues !
L'achat de nouveaux bateaux à commander auprès de STX Saint Nazaire, n'intéresse abolument pas le chantier naval, dont le carnet de commandes est plein pour 5 ans, et qui ne sera jamais assuré d'être tout simplement payé !!
Le dernier passe passe juridique enfin, qui consiste à dire que le contrat de DSP serait nul, et que la collectivité de Corse devrait rembouser 460 millions à la SNCM, dernier espoir des syndicats, bute sur un petit détail : dans un tel cas de figure, la SNCM devrait aussi rembourser tout ce qu'elle a perçu pour conduire cette DSP... Imaginer rembourser les 440 millions de subventions indues exigées par Bruxelles avec l'argent du contribuable Corse n'aurait donc pas de sens.
Si la disparition à terme de la SNCM ne sera une surprise pour personne, le coup de grâce donné par les syndicats avec cette grève démontre le décalage existant entre la réalité économique et le syndicalisme politique.
Sachant qu'après l'échec uisant de la grève de la SNCF, la CGT joue gros avec la SNCM.
Les lendemains seront malheureusement difficiles pour les salariés de la SNCM...