Le Syndicat National des Journalistes (SNJ) dénonce une restructuration en cours qui pourrait menacer la pérénité du titre.
Dans un communiqué de presse très dur à l'endroit de la direction du groupe Sipa-Ouest France, propriétaire de Voiles & Voiliers, le SNJ dénonce la lourde restructuration dont va faire l'objet notre confrère, et son déménagement de Paris à Rennes.
Leader de la presse magazine voile, avec une diffusion payée de 42000 exemplaires par mois, en recul de 6,25%, dans la moyenne du marché, Voiles & Voiliers se positionne comme le 197ème magazine français.
Ayant lourdement investi dans le numérique, pour des retours financiers quasiment nuls et victime de l'errosion de ses rentreées publicitaires du fait de la crise, après avoir perdu la manne du marché des petites annonces avec le développement de l'internet, Voiles & Voiliers engendrerait de lourdes pertes pour son actionnaire, Sipa Ouest France.
Une situation qui a conduit le groupe de presse breton a élaborer un vaste plan de réorganisation, dont la traduction concrète sera la relocalisation de Voiles & Voiliers de Paris à Rennes, dans les locax d'Infomer, pour y constituer un "pôle Mer", qui comprendrait notamment le Marin, hebdomadaire économique sur la mer et le maritime.
Cette mutualisation des moyens, qui touche actuellement tous les grands groupes de presse, s'accompagnerait de 15 suppressions d'emplois, sur les 29 du titre, et de l'externalisation de la composition du magazine, jusqu'alors confiée à des rédacteurs graphistes internes.
Pour le SNJ, cette restructuration pourrait avoir comme conséquence de saborder le titre.
Le syndicat dénonce le manque de concertation en interne, et le fait que les bénéfices d'un tel déménagement n'auraient jamais été démontrés, le rapprochement de rédactions aux périodicités et positionnements différents n'étant pas évident. Pour le SNJ, les pertes engendrées par Voiles & Voiliers viendraient, outre la baisse des rentrées publicitaires, d'un manque de ligne éditoriale et de la baisse du nombre de Numéros Hors Série, très rentables.
Pour le groupe Ouest France, ce regroupement des rédactions sur un pôle unique semble toutefois assez logique.
La presse magazine, dont le modèle économique a longtemps été basé sur la publicité et les petites annonces a tout d'abord perdu ce second marché, au profit de l'internet, avant de prendre de plein fouet le recul du marché publicitaire, consécutif à la crise de 2008.
La conséquence de cette double peine, s'est traduite par de lourdes pertes d'exploitations, encore augmentées par de gros investissements consentis dans le même temps dans le numérique, dont les retours financiers se font attendre.
En parallèle, la presse magazine a été confrontée au problème de sa distribution en kiosques, et à l'explosion de ses frais postaux, qui pénalise les titres à abonnements, comme notre confrère.
Une situation qui menace clairement la pérénité de certains segments du marché, notamment celui de la presse quotidienne, mais qui ne concerne toutefois pas la presse magazine haut de gamme, plus confrontée à une redéfinition de périmètre et de format, qu'à une remise en cause réelle.
Une redéfinition de format dont l'élaboration ne peut passer que par la concertation et le dialogue, mais dont la mise en place engendre de lourdes conséquences humaines et sociales, tant dans les rédactions que dans l'imprimerie, pour un secteur de la presse où l'humain occupe une place centrale et revêt une importance extrème.